Le stress, vous connaissez ? Plus que probablement, doux euphémisme. Un de mes mentors dans la profession et néanmoins ami m’a dit un jour : « À part contrôleur aérien, je ne connais rien d’aussi stressant que gérer des projets de traduction. » Je n’irai pas jusque-là… non, je n’irai pas, mais cette phrase me revient souvent en tête lorsque je travaille sur une vingtaine de projets multilingues en même temps, que certains traducteurs ne respectent pas les consignes, qu’une volée de bois vert arrive par téléphone ou par e-mail de la part d’un client jouant les apprentis-sorciers en essayant de vous apprendre votre langue alors qu’il n’est pas lui-même francophone (et encore moins linguiste !), qu’un traducteur a disparu alors que le relecteur attend sa copie pour ensuite l’envoyer dans un timing ultra serré parce que la traduction doit absolument être imprimée le soir en plusieurs milliers d’exemplaires pour un salon professionnel qui débute le lendemain, que les sonneries en tout genre (WhatsApp, SMS, téléphone portable et fixe… fax et j’en passe) n’arrêtent pas de sonner… STOOOOOP !!! Là je débranche tout et je m’accorde une pause reiki, parce que je le vaux bien. Car c’est exactement de cela qu’il s’agit !
Quand je lui expliquais mes journées de travail, une autre personne bien intentionnée et très versée en la matière m’a dit texto : « Toi, tu es mûr pour le burnout. » Ça y est, le vilain mot était lâché. On a beau le mettre à toutes les sauces, il n’en reste pas moins une réalité. Et en effet, je dormais mal depuis plusieurs années et ne récupérais plus, j’étais toujours relativement irritable… sauf à l’heure de l’apéro… qui devenait quotidien, je devais de temps en temps passer par la case « antidépresseurs », tout cela malgré le sport quasi quotidien et la présence inestimable de mes chats et de leurs ronrons apaisants. Bref, c’était mal barré.
N’ayant ni les moyens, ni surtout le… temps – évidemment ! – de m’offrir une thalasso tous les jours, je me suis mis à la recherche de « quelque chose » qui pourrait me déstresser en profondeur et à long terme. Et comme le hasard n’existe pas, ce que j’appris plus tard sur le chemin – de lumière – que j’allais emprunter, c’est à ce moment précis que l’on m’offrit une initiation au (premier degré pour être précis) reiki. Reiki ?! Késako ? La personne qui m’avait offert ce cadeau qui allait se révéler inestimable avait eu l’autre bonne idée de me donner un petit classeur rassemblant des informations sur le sujet. En gros, il s’agissait d’une énergie[1] que l’on apprenait à maîtriser – canaliser pour être exact – pour parvenir à réduire son stress, méditer et instaurer la paix intérieure. Bon. OK. Puisqu’on me l’offre, j’y vais. J’étais loin de m’imaginer qu’il allait s’agir d’une véritable révélation, d’un… chemin de vie… et même de guérison. Carrément ! Quelques années plus tard, je suis Maître enseignant Reiki et bien dans mes baskets de Project Manager en traduction. Oh je n’irais pas jusqu’à dire que le stress n’a plus de prise sur moi – « Dommaaaage Eééééliane » – mais je le gère beaucoup plus facilement et, lorsqu’il devient trop important, je m’octroie cette fameuse « reiki-pause », ou auto-traitement plus précisément. Quand je « rallume tout », je suis à nouveau serein et positif. Ce n’est pas une baguette magique… mais presque !
Mais revenons-en à nos moutons… euh traductions, traductions bien sûr, j’avais presque oublié. Et donc maintenant, quand j’explique ce que je fais dans la vie et qu’on me répond « Ah tu ne traduis plus, tu ne fais plus que déléguer », toute envie de meurtre m’a quitté, ce qui est, vous l’avouerez, une très bonne chose. (Comment « non » ?) Quand je manque d’énergie – on y revient… toujours ! – je réponds simplement d’un petit sourire ouvertement sarcastique (faut pas déconner, on a beau être « maître », on reste humain quand même, et plein de caractère avec ça) : « Oui c’est ça, je ne fais QUE déléguer. » Quand j’en ai plus (d’énergie… vous suivez ?), c’est-à-dire la plupart du temps, j’explique qu’il s’agit plutôt de sous-traiter que de déléguer, et que c’est beaucoup plus complexe que ça n’en a l’air, et que par les temps qui courent, c’est très stressant en termes de délais, de prix et de qualité des traductions. Il faut notamment négocier pratiquement tous le temps, même avec les clients fidèles et les collaborateurs de longue date. Prendre en charge les multiples formats de fichier existants, coordonner les équipes (lors de mon plus gros projet – plus de 2 millions de mots à traduire en 9 mois ! – l’équipe était composée de 1 chef de projet, 18 traducteurs et 2 réviseurs), avoir une réactivité… véritablement en temps réel, ne pas céder aux demandes insensées, gagner de nouveaux clients et tenir à l’œil la comptabilité entre beaucoup beaucoup beaucoup d’autres choses, mais surtout assumer la responsabilité du travail réalisé par d’autres – d’où l’impérieuse nécessité de bien s’entourer – et s’assurer de payer et d’être payé en temps et en heure. Bref, plusieurs boulots en un que je ne parviendrais pas à supporter sans l’aide énergique et énergétique du Reiki !
Namasté.
[1] Reiki signifie en japonais « Energie universelle de vie », selon la traduction la plus communément acceptée.